Les filles sauvages

Renarde et Salamandre.
La fille des bois, la fille des villes.
Sara et Joan.
Un été.
Le papa Gus de l'une, la maman Citrouille de l'autre. 
La mère renarde de l'une, le bon père de famille de l'autre.
Les débuts de l'adolescence, une congrégation de la Larme de cristal, un cirque Méli-Mélo, un club d'électrons libres.
Un oiseau-moqueur polyglotte et farceur, une paire d'échasses pour voir le monde d'un autre point.
Les yeux qui s'ouvrent, le monde qui se redispose autrement.
Et l'écriture. Les ateliers d'écriture, qui font grandir.


"- Vous avez invité ma mère à déjeuner ?
- Oui, elle veut savoir qui nous sommes."
Je promenai un regard circulaire dans la cuisine. L'évier était toujours plein de vaisselle sale. les étagères croulaient sous les piles de paperasses. La peinture s'écaillait. Je lançai à renarde un regard désespéré et elle haussa les épaules. Je savais que, dès le premier coup d’œil, ma mère si dirait qu'il n'était pas question que je remette les pieds ici. Visiblement Gus ne s'en doutait pas du tout." (p.62)

"- Et si on écrivait un truc ensemble ?" proposai-j en la regardant du coin de l’œil. "Qu'est-ce qu'on pourrait inventer comme histoire ?
- L'histoire des filles des bois, dit Renarde sas hésitation. Des filles sauvages.
- Et comment elles ont été amenées à vivre dans les bois, ces filles ?"
Elle regardait en direction de la forêt, en plissant légèrement les yeux à cause du soleil. "Il y en une qui est née dans les bois.
-Sa mère était une renarde", enchaînai-je aussitôt. [...]" (p.85)

"Il n'arrêtait pas de nous répéter que tout se passerait bien, mais quelque chose me tracassait. C'était tellement étrange : cette histoire avait été à nous, et à nous seules. Mais, depuis que nous avions gagné, ma mère comme Mrs Parsons se l'accaparaient, et il me semblait même que les organisatrices du concours se l'étaient appropriée. Tout le monde croyait posséder un petit morceau de nous. C'était comme si nous n'existions plus." (p.93)

"Comme la petite sirène , j'avais conclu un marché, et je ne pouvais plus me dédire. On irait donc suivre le stage de Verla Volante, et Verla Volante était une sorcière. restait à savoir s'il s'agissait d'une gentille ou d'une méchante sorcière." (p.110)

"Je contemplai dans le miroir la fille qui clignait des yeux quand je clignais des yeux, qui se mordait la lèvre quand je me mordais la lèvre.
"Tu sais quel est ton chant à toi ? me demanda Azalée.
- Je suis en train de l'apprendre.", dis-je" (p.196)

"La lecture ? Très bien, dis-je à Azalée. papa, je te présente Azalée. Elle fait partie du cirque Méli-Mélo. Elle m' appris à marcher sur des échasses.
- Des échasses ?" Pendant un instant, la surprise empêcha mon père de froncer les sourcils. "Pourquoi voulais-tu apprendre une chose pareille ,"
Je le dévisageai, incapable de trouver une réponse. Parce que c'était drôle ? Parce que j'en étais capable ? Je restai figée, muette.
"Pour avoir un autre point de vue sur le monde", intervint Azalée, sans attendre que je réponde. "Marcher sur des échasses vous offre d'autres perspectives sur la vie." Elle me sourit. "Alors... Tu veux grandir ?" (p. 342)

"J'ai appris à écrire la vérité [...] J'ai appris que ma vérité n'est pas forcément la même que la vôtre.
J'ai appris à reconnaître un message sous-jacent et à poser des questions. ...
J'ai appris à ne pas garder la tête baissée.[...]
J'ai appris que j'étais un électron libre et que je n'étais pas la seule. [...]
J'ai appris à marcher avec des échasses. [...]
J'ai appris à faire des vagues. [...]
Maintenant que j'ai rempli quelques cahiers, je crois que je vais en acheter d'autres. j'ai écrit un livre, je vais en écrire un deuxième. C'est ce que font les écrivains, comme dit Verla." (p.345)

Les filles sauvages
de Pat Murphy
Couverture illustrée par Aline Bureau
Bayard Jeunesse

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